Lorsqu'une entreprise au Québec se trouve confrontée à des difficultés financières ou envisage de mettre fin à ses activités, deux procédures juridiques principales peuvent être envisagées : la faillite et la dissolution.
Bien que ces deux termes soient parfois utilisés de manière interchangeable, ils désignent des processus distincts avec des implications juridiques et financières spécifiques.
Comprendre ces différences est crucial pour les dirigeants d'entreprise, les créanciers, et les actionnaires afin de naviguer efficacement dans les complexités liées à la fin d'une entreprise.
Dans cet article, JuriGo vous explique les différences entre la faillite et la dissolution d’entreprise au Québec. Découvrez comment ces deux procédures, bien que mettant fin aux activités d’une société, diffèrent dans leurs objectifs et processus! |
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Qu’est-ce qu’une faillite d’entreprise?
La faillite est une procédure légale destinée à gérer les situations où une entreprise se trouve dans l'incapacité de rembourser ses dettes. Elle est régie par la Loi sur la faillite et l’insolvabilité du Canada, qui établit les règles et les processus à suivre lorsqu’une entreprise fait face à une crise financière majeure.
Le principal objectif de la faillite est de permettre la liquidation des actifs de l’entreprise. Cela signifie que tous les biens de l'entreprise sont évalués et vendus pour générer des fonds.
Ces fonds sont ensuite utilisés pour rembourser les créanciers de l'entreprise, selon un ordre de priorité défini par la loi. Les créanciers garantis (ceux ayant des sûretés sur les biens) sont payés en premier, suivis des créanciers non garantis.
Conditions pour déclarer une faillite
Pour qu'une entreprise puisse déclarer faillite au Canada, elle doit répondre à certaines conditions prévues par la Loi sur la faillite et l’insolvabilité. Ces conditions sont les suivantes :
Conditions | Explication |
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Montant de la dette | L'entreprise doit avoir une dette d'au moins 1 000 $. Si l’entreprise a une dette inférieure à ce montant, aucune procédure de faillite ne peut être engagée. |
Valeur des actifs | La dette totale de l'entreprise doit être supérieure à la valeur de vente de ses actifs. Autrement dit, les dettes doivent excéder la valeur que l’on pourrait obtenir en liquidant les actifs de l’entreprise. |
Incapacité à payer les dettes | L'entreprise doit être dans l'incapacité de régler ses dettes à leur échéance. Cela signifie qu'elle ne dispose pas des ressources financières nécessaires pour payer ses créanciers lorsque les paiements deviennent dus. |
Bref, la faillite permet une gestion ordonnée des dettes d'une entreprise en liquidation de ses actifs, avec une redistribution des fonds entre les créanciers. Pour pouvoir déclarer faillite, l'entreprise doit avoir une dette minimale, une situation où ses dettes excèdent la valeur de ses actifs, et une incapacité à payer ses dettes à leur échéance.
Processus de faillite d’entreprise :
- Déclaration de faillite
Le processus de faillite commence généralement lorsqu'une entreprise ou, dans certains cas, ses créanciers déposent une demande de faillite auprès des tribunaux.
La déclaration de faillite peut être initiée par l'entreprise elle-même si elle reconnaît son incapacité à payer ses dettes, ou par une action en justice intentée par les créanciers dans le but de recouvrer les sommes dues. Cette déclaration marque le début officiel du processus de faillite et conduit à la nomination d'un syndic de faillite.
- Nomination d’un syndic de faillite
Dès qu'une faillite est déclarée, un syndic de faillite est nommé pour gérer l'ensemble du dossier. Le syndic est un professionnel agréé par le Bureau du surintendant des faillites et joue un rôle clé dans le processus.
La responsabilité principale d’un syndic de faillite est de superviser la liquidation des actifs de l'entreprise et de veiller à ce que les fonds obtenus soient distribués de manière appropriée parmi les créanciers. Le syndic s'assure également que toutes les démarches légales sont respectées tout au long du processus.
- Liquidation des actifs
Le syndic de faillite procède ensuite à l'évaluation et à la liquidation des actifs de l'entreprise. Cette étape implique l'identification, l'évaluation et la vente des biens de l'entreprise. L'objectif est de maximiser le montant récupéré afin de rembourser les dettes.
La liquidation doit être réalisée de manière transparente et efficace pour garantir que le produit de la vente des actifs soit optimisé pour le remboursement des créanciers.
- Répartition des fonds
Comme mentionné plus haut, une fois les actifs liquidés, les fonds ainsi obtenus sont répartis entre les créanciers selon un ordre de priorité défini par la loi. Les créanciers garantis, tels que les banques ayant des hypothèques sur les biens de l'entreprise, sont remboursés en premier lieu.
Ensuite, les créanciers ordinaires (ou non garantis) reçoivent le reste des fonds disponibles. Ce processus de répartition suit strictement les priorités établies pour s'assurer que chaque créancier est payé conformément à ses droits.
- Décharge des dettes
À l'issue de la liquidation et après la répartition des fonds, l'entreprise peut obtenir une décharge de ses dettes résiduelles. Cette décharge signifie que l'entreprise est libérée de ses obligations financières restantes, à condition de respecter toutes les obligations légales et les conditions imposées par le syndic.
Cette étape marque la fin du processus de faillite pour l'entreprise, qui peut alors se libérer des dettes qui n'ont pas été couvertes par la liquidation des actifs.
Quelles sont les conséquences d’une faillite d’entreprise ?
Les conséquences de la faillite sont significatives pour l’entreprise et ses parties prenantes :
- Pour l’entreprise : Pour l’entreprise, la faillite entraîne l’arrêt complet de ses activités. Cela signifie que l’entreprise cesse toutes ses opérations commerciales et entame un processus de liquidation de ses actifs.
Lorsque l’entreprise déclare faillite, elle cesse d’exister en tant qu’entité légale. Cela implique non seulement l’arrêt des opérations, mais aussi la disparition de la société en tant qu’entité commerciale.
- Pour les créanciers : En cas de faillite, les créanciers ont la possibilité de récupérer une partie des sommes qui leur sont dues grâce à la liquidation des actifs de l'entreprise. Cependant, il est rare qu'ils récupèrent l'intégralité des créances, surtout si l'entreprise est lourdement endettée.
Les créanciers garantis, ayant des sûretés sur des actifs spécifiques, sont prioritaires et ont plus de chances de recouvrer leurs fonds. En revanche, les créanciers non garantis, comme les fournisseurs, sont souvent remboursés en dernier, ce qui peut réduire considérablement la somme qu'ils parviennent à récupérer.
- Pour les actionnaires : Les actionnaires subissent généralement des pertes significatives lors de la faillite d’une entreprise. Leur investissement initial est souvent perdu, car la liquidation des actifs sert principalement à rembourser les créanciers avant de considérer les intérêts des actionnaires.
Si l’entreprise a accumulé de nombreuses dettes, les actionnaires ne reçoivent rien tant que toutes les créances n’ont pas été honorées. Il n’est donc pas inhabituel que, dans une faillite, les actionnaires ne récupèrent aucune somme.
- Pour l’entreprise individuelle: Contrairement à une société par actions, où les actionnaires ne sont pas tenus responsables des dettes de l’entreprise, la faillite d’une entreprise individuelle a des conséquences graves pour le propriétaire, car il est personnellement responsable de ces dettes.
Cela signifie que ses biens personnels, comme la maison ou les comptes bancaires, peuvent être saisis pour rembourser les créanciers. La faillite affecte également la cote de crédit personnelle de l’entrepreneur, ce qui rend plus difficile l’accès à de futurs financements.
Bien que certaines exemptions existent pour protéger certains biens, les pertes peuvent être considérables. Bref, la faillite d'une entreprise individuelle peut avoir un impact financier important sur l'entrepreneur, mettant en péril son patrimoine personnel et réduisant ses chances de rebondir à l'avenir.
Qu’est-ce que la dissolution d’une entreprise?
La dissolution d’une entreprise est une procédure juridique permettant à une société par actions de mettre fin à son existence légale. Contrairement à la faillite, qui survient en cas d’insolvabilité, la dissolution est souvent une décision volontaire prise par les propriétaires ou les actionnaires.
Ce processus intervient généralement lorsque la société a atteint ses objectifs ou n’est plus économiquement viable. Il nécessite de respecter certaines formalités pour garantir une clôture en bonne et due forme.
Les étapes préalables à la dissolution d’une entreprise:
Avant de procéder à la dissolution d’une société, il est essentiel de suivre plusieurs étapes importantes pour s’assurer que toutes les obligations légales et administratives ont été respectées. Ces étapes préliminaires garantissent que la société est en conformité avec la loi et qu’aucun passif n’est laissé en suspens. Voici un aperçu détaillé des démarches à effectuer :
- Mise à jour des déclarations annuelles
Il est impératif que toutes les déclarations annuelles de l’entreprise soient dûment remplies et déposées auprès des autorités compétentes. Cette étape garantit que la société est en conformité avec ses obligations légales avant de cesser ses activités.
- Règlement des droits et frais exigibles
Tous les droits et frais administratifs qui sont dus à divers organismes, notamment au Registraire des entreprises du Québec, doivent être réglés avant d’entamer la dissolution. Ces frais incluent non seulement ceux liés à l’immatriculation annuelle, mais aussi tout autre coût administratif, tel que les frais pour mettre à jour les informations au registre.
- Fermeture de comptes
Les comptes liés aux taxes et cotisations sociales, comme la TPS, la TVQ et la CNESST, doivent être officiellement fermés. Cela implique de s’assurer que toutes les obligations fiscales et sociales de la société ont été remplies et que toutes les sommes dues ont été payées.
- Règlement des dettes
Si la société possède des actifs (biens, équipements, comptes bancaires, etc.) ou des dettes, elle doit procéder à une liquidation. Cette étape consiste à vendre les actifs de l’entreprise et à utiliser le produit de ces ventes pour régler les dettes restantes.
Le processus de liquidation doit être rigoureux, car il est nécessaire de s’assurer que tous les créanciers ont été payés avant de pouvoir dissoudre la société. En outre, s’il reste des fonds après la liquidation des actifs, ceux-ci peuvent être redistribués aux actionnaires conformément à la loi.
- Production d’une déclaration d’impôts finale
Une dernière déclaration d’impôts doit être produite afin de clore définitivement les comptes fiscaux de la société. Cette déclaration fiscale finale permet de s’assurer que la société n’a plus d’obligations envers les autorités fiscales, et elle doit inclure toutes les informations pertinentes relatives aux revenus, dépenses et transactions effectuées au cours de l’année de dissolution.
Bref, avant de commencer le processus de dissolution proprement dit, l’entreprise doit s’assurer que toutes ses obligations financières, fiscales et administratives ont été remplies, que ses dettes ont été soldées et que ses actifs ont été liquidés.
Dissolution d’une société par actions incorporée au provincial
Lorsqu’une société par actions au Québec décide de cesser ses activités, elle doit suivre un processus formel encadré par la Loi sur les sociétés par actions. Le processus de dissolution peut se faire de deux manières: soit par simple déclaration de dissolution, soit par liquidation.
Dissolution sans liquidation :
Ce type de dissolution s’applique lorsqu’une société ne détient ni actifs ni dettes. La procédure de dissolution peut alors être réalisée par la simple production d’une déclaration de dissolution, avec le consentement des actionnaires par une résolution spéciale.
De plus, si l’entreprise est détenue par un seul actionnaire, celui-ci peut produire une déclaration attestant qu’il prend en charge les obligations de la société et qu’il est en mesure de régler toute dette restante.
Dissolution avec liquidation :
Si la société détient des actifs ou des obligations, elle doit être liquidée avant la dissolution. Le processus de liquidation consiste à évaluer les actifs de l’entreprise, à recouvrer les créances, à payer les dettes et à distribuer le reliquat des biens aux actionnaires.
La liquidation débute par la production d’un avis de liquidation soumis au Registraire des entreprises du Québec, accompagné d’une copie certifiée de la résolution spéciale des actionnaires. Une fois la liquidation terminée, un avis de clôture doit également être produit, attestant que toutes les obligations ont été satisfaites et que les biens restants ont été distribués.
Il est pertinent de noter qu’il est possible de rétracter la dissolution tant que la liquidation n’est pas finalisée. Pour ce faire, une résolution spéciale des actionnaires ou une décision judiciaire est nécessaire. Si le partage des biens n’a pas encore eu lieu, le processus peut être interrompu et un avis d’arrêt de liquidation déposé.
Dissolution d’une société par actions incorporée au fédérale
Pour les sociétés par actions de compétence fédérale, les procédures de dissolution varient légèrement. Si aucune action n’a été émise ou si la société ne détient ni actifs ni dettes, la dissolution peut être effectuée par résolution des administrateurs ou des actionnaires. En revanche, si des biens ou des dettes sont présents, une liquidation préalable est requise.
Après la dissolution, une déclaration finale doit être soumise à l’Agence du Revenu du Canada, et les dividendes non réclamés doivent être remis au ministre du Revenu. Le liquidateur a également l’obligation de conserver les livres de la société pendant cinq ans.
Quelles sont les conséquences d’une dissolution d’entreprise ?
La dissolution d'une entreprise peut avoir des implications diverses, surtout en fonction de la manière dont elle est réalisée.
- Dissolution sans liquidation: Lorsqu'une société est dissoute par un actionnaire unique sans avoir préalablement liquidé ses actifs, l'actionnaire devient personnellement responsable des obligations administratives et juridiques de l'entreprise. Cette situation peut entraîner des conséquences financières graves pour l'actionnaire.
En cas de poursuite judiciaire contre la société, la responsabilité légale est transférée à l'actionnaire. Cela signifie que toutes les dettes de l’entreprise deviennent sa responsabilité personnelle, sans aucune limite. Il peut donc être contraint de rembourser les créanciers en utilisant ses propres biens personnels, ce qui expose à des risques financiers importants.
- Dissolution après liquidation : À l’inverse, lorsqu’une société est dissoute après une liquidation appropriée, la responsabilité des actionnaires est généralement limitée à la somme qu'ils ont reçue au cours du processus de liquidation.
Une fois cette procédure accomplie, la société est officiellement fermée et les actionnaires ne sont responsables que des montants qu’ils ont perçus, les dettes ayant été réglées au cours de la liquidation.
Quelles sont les différences entre une faillite et une dissolution d’entreprise?
Bien que la faillite et la dissolution d’entreprise entraînent toutes deux la cessation des activités d’une société, elles diffèrent par plusieurs aspects fondamentaux. Voici les principales différences entre ces deux procédures :
Particularités | Faillite | Dissolution |
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Objectifs et procédures | La faillite est conçue pour résoudre les problèmes financiers d'une entreprise en permettant la liquidation de ses actifs pour payer les créanciers.La faillite est généralement involontaire, initiée par les créanciers ou par la société elle-même en raison de son incapacité à payer ses dettes. | La dissolution est une procédure par laquelle une société met fin à ses activités de manière volontaire.Ce processus peut s'effectuer sans liquidation, lorsque l'entreprise ne possède ni biens ni dettes, ou avec liquidation, si elle détient des actifs ou des dettes. |
Conséquences financières | La faillite provoque la liquidation complète de l'entreprise, ce qui signifie la vente de ses actifs pour rembourser les dettes. Pour les actionnaires, cela peut se traduire par la perte totale de leur investissement initial. Quant aux créanciers, bien qu’ils puissent récupérer une partie de ce qui leur est dû, il est souvent difficile pour eux de recouvrer l’intégralité des sommes, surtout si l’entreprise est fortement endettée. | La dissolution d'une entreprise, surtout lorsqu'elle est accompagnée d'une liquidation appropriée, entraîne généralement des conséquences financières moins graves que la faillite. Lors d’une dissolution, les créanciers sont généralement remboursés intégralement et les actionnaires peuvent récupérer une part des fonds restants après le remboursement des créanciers, ce qui réduit l'impact financier pour eux. |
Bref, la faillite et la dissolution sont deux mécanismes juridiques importants pour mettre fin aux activités d’une entreprise au Québec, chacun avec ses propres objectifs, procédures et conséquences.
La faillite est une solution pour les entreprises insolvables, permettant une gestion ordonnée des créances et une chance de redémarrer ou de repartir à zéro. La dissolution, quant à elle, est souvent une décision volontaire permettant à une société de mettre fin à ses activités de manière ordonnée, après avoir réglé ses affaires financières.
Il est crucial pour les dirigeants d’entreprise, les créanciers et les actionnaires de bien comprendre ces différences afin de choisir la meilleure option en fonction de leur situation spécifique.
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