Lorsque le père de votre enfant n’est pas mentionné sur son acte de naissance, cela peut avoir des conséquences importantes sur vos droits en tant que mère ainsi que sur les droits de votre enfant.
Cette situation, bien que fréquente, est souvent source de questionnements pour les parents, notamment sur la responsabilité parentale, la pension alimentaire ou les possibilités d’ajouter le nom du père plus tard.
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Dans cet article, JuriGo vous explique les principales implications juridiques liées à l’absence du nom du père sur l’acte de naissance de votre enfant et les démarches possibles pour rectifier cette situation, si vous le souhaitez.
Exercer seule l’autorité parentale sur l’enfant
Lorsque vous êtes la seule personne inscrite sur l’acte de naissance de votre enfant, vous exercez seule l’autorité parentale. Concrètement, cela signifie que vous êtes seule à prendre toutes les décisions importantes concernant la vie de votre enfant, telles que :
- Le choix de l’école ou des garderies ;
- Les soins médicaux ;
- Le lieu de résidence de l’enfant.
Vous n’avez donc pas besoin de l’autorisation ou du consentement du père biologique pour ces décisions, car aucun lien légal n’a été établi entre le père et l’enfant.
En tant que seul parent légal, vous n’avez pas non plus l’obligation d’informer ou de consulter le père biologique sur les décisions concernant l’éducation ou le bien-être de l’enfant. Ce type de situation est avantageux si vous souhaitez éviter toute implication du père dans la vie de l’enfant, notamment en cas de relations conflictuelles ou de circonstances particulières ayant conduit à la naissance de l’enfant.
Absence de pension alimentaire
Étant donné que le père biologique n’a pas de lien légal avec l’enfant lorsqu’il n’est pas inscrit sur l’acte de naissance, vous ne pouvez pas exiger de pension alimentaire de sa part pour subvenir aux besoins de l’enfant. Ce principe est valable tant que le père n’a pas reconnu officiellement sa paternité.
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De même, le père biologique, en l’absence de reconnaissance officielle, ne peut pas non plus demander la garde ou un droit d’accès à l’enfant, car légalement, il n’est pas considéré comme un parent.
Exceptions en cas d’agression sexuelle
Une exception importante existe toutefois si la naissance de l’enfant est le résultat d’une agression sexuelle. Dans ce cas, même si le père n’est pas inscrit sur l’acte de naissance, vous pouvez demander une contribution financière pour l’éducation de l’enfant. Il s’agit d’une somme forfaitaire unique qui doit être déterminée par le tribunal.
Cette contribution financière n’octroie cependant aucun droit au père biologique sur l’enfant. Autrement dit, le père ne pourra pas exiger de voir l’enfant ni demander la garde, même s’il verse cette somme forfaitaire.
En outre, dans ce contexte particulier, l’enfant pourrait également avoir droit à hériter de son père biologique même s’il n’existe aucun lien légal entre eux. Cet héritage serait possible sans avoir besoin d’une reconnaissance de paternité sur l’acte de naissance.
Ajouter le nom du père sur l’acte de naissance
Si vous souhaitez que le père biologique soit inscrit sur l’acte de naissance de votre enfant, plusieurs options s’offrent à vous, et ce, même si l’enfant est déjà né depuis plusieurs années.
Démarche volontaire du père
Le père biologique peut décider de reconnaître son enfant de manière officielle en faisant une «déclaration tardive de filiation » auprès du Directeur de l’état civil. Si vous acceptez cette démarche, le nom du père sera ajouté à l’acte de naissance de l’enfant sans nécessiter d’intervention judiciaire.
Il est important de noter que cette démarche peut être effectuée à tout moment, tant que l’enfant est mineur ou même une fois qu’il est devenu adulte. Il n’existe pas de limite dans le temps pour reconnaître la filiation d’un enfant au Québec.
Démarche judiciaire
Si vous n’êtes pas d’accord avec la demande du père d’être inscrit sur l’acte de naissance, celui-ci peut tout de même décider de demander au tribunal la reconnaissance officielle de sa paternité. Cette démarche peut également être faite à tout moment, même des années après la naissance de l’enfant.
Dans ce cas, le tribunal peut ordonner un test de paternité (ou un test d’ADN) pour vérifier la filiation. Si le test confirme que le père biologique est bien le parent, le tribunal pourra ordonner l’ajout de son nom à l’acte de naissance.
Conséquences de l’ajout du nom du père
L’ajout du nom du père sur l’acte de naissance entraîne des conséquences juridiques importantes pour les deux parents et l’enfant.
Autorité parentale partagée
Une fois le nom du père ajouté, celui-ci obtient automatiquement des droits et des obligations en tant que parent. Le père exercera alors l’autorité parentale conjointement avec vous. Cela signifie que toutes les décisions importantes concernant l’enfant devront désormais être prises en accord avec lui.
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Le père pourra également demander de passer du temps avec l’enfant, et, dans certains cas, il pourrait même réclamer la garde partagée de l’enfant. Bien entendu, cela devra se faire dans l’intérêt de l’enfant et être justifié par des circonstances spécifiques. Le tribunal prendra en compte plusieurs facteurs pour déterminer si la garde partagée est appropriée, notamment la relation du père avec l’enfant et la capacité des deux parents à coopérer.
Droit à une pension alimentaire
En revanche, l’ajout du nom du père peut également vous ouvrir le droit de demander une pension alimentaire pour l’enfant. Selon les revenus des deux parents et les besoins de l’enfant, le tribunal pourrait ordonner au père de contribuer financièrement à son éducation, à sa santé et à ses besoins essentiels.
La pension alimentaire est un droit de l’enfant, et même si les relations entre les parents sont tendues, le tribunal veille à ce que l’intérêt supérieur de l’enfant soit respecté.
Droit à l’héritage
L’ajout du nom du père sur l’acte de naissance donne aussi à l’enfant le droit d’hériter de son père biologique si ce dernier décède sans testament. De plus, le père, en tant que parent reconnu, pourrait également hériter de son enfant si ce dernier décède sans testament.
Ces aspects liés à l’héritage sont souvent négligés, mais ils peuvent avoir une importance capitale, surtout en l’absence de planification testamentaire.
Les avantages d’être la seule personne inscrite sur l’acte de naissance
Si vous êtes la seule personne inscrite sur l’acte de naissance de votre enfant, vous pourriez avoir accès à des prestations supplémentaires lors de votre congé de maternité.
Le Régime québécois d’assurance parentale (RQAP) prévoit en effet des périodes de prestations monétaires plus longues pour les parents seuls. Ces prestations visent à compenser l’absence de l’autre parent dans la prise en charge de l’enfant.
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Le fait que le père de votre enfant ne soit pas inscrit sur son acte de naissance a des répercussions importantes, tant sur vos droits en tant que parent que sur les droits de l’enfant.
En l’absence de lien juridique entre le père et l’enfant, vous êtes seule à exercer l’autorité parentale, et vous ne pouvez pas réclamer de pension alimentaire. Cependant, l’ajout du nom du père sur l’acte de naissance peut ouvrir de nouveaux droits, notamment en matière de garde, de pension alimentaire et d’héritage.
Si vous êtes confrontée à cette situation, il est essentiel de bien comprendre les implications légales et les démarches à suivre pour protéger vos droits et ceux de votre enfant. Chaque situation étant unique, il peut être judicieux de consulter un avocat spécialisé en droit familial pour obtenir des conseils adaptés à votre cas particulier.
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