Si un propriétaire souhaite reprendre un logement, il devra s’assurer de respecter certaines conditions:
- Reprendre le logement pour lui-même ou pour un membre de sa famille,
- Envoyer un avis de reprise de logement au locataire, et
- Ne pas avoir un autre logement disponible.
En temps normal, le locataire bénéficie d’un droit au maintien dans les lieux – un droit très difficile à contourner.
Toutefois, il existe des exceptions qui permettent au locateur d’effectuer une reprise du logement dans les règles de l’art si certaines conditions sont satisfaites.
C’est précisément ce que JuriGo vous explique en détail dans les lignes qui suivent! En prime, on peut même vous mettre en contact avec un avocat spécialisé en droit du logement pour vous conseiller.
Qu’est-ce qu’une reprise de logement?
La reprise de logement survient lorsque le propriétaire demande au locataire de quitter les lieux afin de s’y loger, ou pour loger un de ses proches. Bien que cette manœuvre soit légale, elle est encadrée très strictement!
Voici ce que le Code civil du Québec précise concernant la reprise d’un logement par le propriétaire!
Article 1957. Le locateur d’un logement, s’il en est le propriétaire, peut le reprendre pour l’habiter lui-même ou y loger ses ascendants ou descendants au premier degré, ou tout autre parent ou allié dont il est le principal soutien. Il peut aussi le reprendre pour y loger un conjoint dont il demeure le principal soutien après la séparation de corps, le divorce ou la dissolution de l’union civile. |
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Pourquoi est-il si complexe de reprendre un logement et d’évincer un locataire?
Parce que le locataire possède un droit au maintien dans les lieux. C’est donc dire qu’un locataire qui a signé un bail de logement est en droit de demeurer dans ce même logement pour la durée du bail.
Le locataire pourra aussi renouveler le bail s’il respecte ses obligations. Il existe tout de même des exceptions, dont la reprise du logement, qui permet au propriétaire de ne pas renouveler le bail.
Pour effectuer une reprise de logement dans le respect de la loi, le propriétaire devra respecter les critères suivants :
- Reprendre le logement pour une personne autorisée
- Envoyer un préavis d’une durée correspondant à la durée du bail
- Envoyer un préavis complet et conforme à l’article 1960 C.c.Q.
- La reprise du logement doit se faire de bonne foi
Le propriétaire doit aussi être le seul propriétaire de l’immeuble, ou en être copropriétaire indivis avec son ou sa conjointe. Toute autre situation de copropriété indivise pourrait empêcher la reprise du logement.
Advenant que le locateur soit propriétaire d’un autre logement vacant, similaire au logement repris, et qui se situe dans les mêmes environs, il ne pourra aller de l’avant avec une reprise de logement.
Il ne s’agit là que des obligations générales du propriétaire à l’égard du locataire visé par une reprise de logement. Des conditions encore plus précises doivent être respectées s’il souhaite aller de l’avant avec la reprise du logement.
À quelles conditions un propriétaire peut-il reprendre un logement?
La reprise du logement doit être effectuée dans le but de se loger soi-même, ou de loger un proche mentionné à l’article 1957 du Code civil.
Vous ne pouvez pas reprendre un logement pour loger n’importe quel membre de votre famille ou pour des amis. La loi précise les individus pour qui une reprise de logement peut être effectuée.
Un logement en location pourra donc être repris pour que le propriétaire:
- S’y loge lui-même
- Pour y loger un ex-conjoint (Qui demeure à sa charge après un divorce)
- Pour loger un parent à charge
- Pour loger un ascendant au premier degré ou un descendant au premier degré (Parents et enfants)
Il faudra également envoyer au locataire un avis de reprise de logement, pour s’assurer de respecter les exigences, il est préférable d’utiliser les modèles du Tribunal administratif du logement.
Un avis qui ne respecte pas les conditions prévues par la loi ne pourra être opposé au locataire, et ce dernier aura le droit de demeurer dans son logement. Il en va de même pour les délais d’envoi de ce même avis de reprise.
Quels sont les délais à respecter pour envoyer l’avis de reprise du logement?
Même en invoquant un motif légitime de reprise du logement, on ne peut évincer un locataire de son logement du jour au lendemain. C’est pourquoi le Code civil du Québec a pris soin de préciser les délais à respecter pour l’envoi d’un avis de reprise.
Voici un résumé des délais OBLIGATOIRES à respecter pour effectuer une reprise de logement dans le respect de la loi!
Durée du bail | Délai de l’avis |
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Bail de 6 mois et moins | 1 mois avant la fin du bail |
Bail de plus de 6 mois | 6 mois avant la fin du bail |
Bail à durée indéterminée | 6 mois avant la date de reprise |
ATTENTION! La reprise du logement ne permet pas au propriétaire de résilier le bail en cours de route. La reprise d’un logement permet seulement d’éviter la reconduction du bail lorsque celui-ci vient à échéance.
Puisque le bail à durée indéterminée n’a aucune date de fin, il faudra envoyer un préavis de 6 mois avant la date prévue de reprise du logement.
Ces délais sont obligatoires, et leur non-respect entrainera une reprise illégale du logement qui pourra justifier le refus du locataire de quitter. Si celui-ci quitte malgré un préavis trop court, il conservera un recours contre le propriétaire qui a effectué une reprise illégale.
L’avis de reprise du logement : tout ce qu’il doit contenir!
Le contenu de l’avis de reprise de logement est précisé dans le Code civil à l’article 1961. Pour que le propriétaire respecte son obligation d’aviser le locataire par écrit, ce préavis doit obligatoirement contenir TOUS les éléments prévus par la loi.
C’est pourquoi le préavis de reprise du logement se DOIT de contenir les éléments suivants :
-
L’intention du propriétaire de reprendre le logement
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La date prévue de reprise de logement (Conformément aux délais imposés)
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L’identité du ou des locataires visés par la reprise
-
L’identité des personnes qui habiteront le logement après la reprise
-
Une mention du lien de parenté qui relie le propriétaire aux individus qui habiteront le logement.
D’ailleurs, l’avis de reprise du logement doit être remis individuellement à chacun des locataires visés par la reprise.
Une copie doit d’ailleurs être conservée par le propriétaire, et celui-ci se doit également d’obtenir une preuve de réception signée par le locataire.
Les étapes d’une reprise de logement expliquées!
La reprise d’un logement signifie que le locataire doit quitter l’endroit qu’il considère comme son domicile. Un processus en quelques étapes doit notamment être respecté par le propriétaire-repreneur.
La reprise d’un logement au Québec s’effectue en 3 grandes étapes – les voici!
L’envoi de l’avis de reprise | La réponse du locataire | Le recours au Tribunal administratif du logement |
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Avis envoyé 1 mois avant la fin d’un bail de 6 mois ou moins. Avis envoyé 6 mois avant la fin d’un bail de plus de 6 mois et plus. | Le locataire a 1 mois pour répondre à l’avis de reprise. L’absence de réponse équivaut au refus du locataire. | En cas de refus, le TAL devra décider si la reprise est légitime. Le propriétaire a 1 mois pour s’adresser au TAL suivant le refus. |
Si le locataire refuse la reprise du logement, que se passe-t-il?
Le locataire est en droit de répondre à l’avis de reprise par un refus de quitter les lieux. Tel qu’indiqué ci-haut, le locataire a 1 mois pour manifester ce refus après réception de l’avis, et son silence sera assimilé à un refus.
Le propriétaire qui souhaite reprendre le logement devra intenter un recours au Tribunal administratif de logement (anciennement la Régie du logement). L’objectif est d’obtenir l’autorisation du tribunal d’aller de l’avant avec la reprise, malgré le refus du locataire.
Sur la base de quels critères le Tribunal administratif du logement rendra-t-il sa décision?
Le tribunal va vérifier si la reprise se fait pour un bénéficiaire autorisé et si l’avis de reprise est complet et a été envoyé dans les délais prescrits par la loi. Bref, le tribunal s’assure qu’il ne s’agit pas d’une reprise de mauvaise foi et que le propriétaire respecte les droits du locataire.
Même si le tribunal confirme la légalité de la reprise, il sera tout de même en droit d’exiger du propriétaire le versement d’une indemnité compensatoire au locataire évincé.
Avez-vous besoin d’un avocat en droit du logement pour accomplir ces étapes?
Une reprise de logement qui se bute au refus d’un locataire devient une situation très délicate. Tout propriétaire placé dans une telle situation devrait s’allier d’un avocat compétent en droit du logement afin de recevoir des conseils sur la marche à suivre.
Et justement, JuriGo est en mesure de vous référer aux avocats compétents en matière de logement – il suffit de nous contacter et on s’occupe du reste.
ATTENTION – La reprise de logement possède certaines limites!
Même si les conditions sont respectées, il est possible que la reprise de logement ne soit pas possible.
Les principales limites à la reprise d’un logement surviennent lorsque le locataire occupant est une personne âgée ou vulnérable.
Notamment, il est interdit de reprendre un logement si celui-ci est déjà occupé :
- Par une personne âgée de 70 ans et plus
- Par un locataire qui habite le logement depuis 10 ans et plus
- Par un locataire dont le revenu est égal ou moindre au revenu admissible aux logements à loyer modique
Encore une fois, il existe des exceptions à ces principes! Un propriétaire pourra reprendre son logement, quelles que soient les caractéristiques du locataire, si le propriétaire est lui-même :
- Âgé de 70 ans et plus et souhaite reprendre le logement pour y habiter
- Le bénéficiaire de la reprise est âgé de plus de 70 ans
- Le propriétaire est un occupant de l’immeuble qui souhaite loger, dans le même immeuble que lui, un bénéficiaire de moins de 70 ans
Comme vous le voyez, il existe de nombreuses nuances en matière de reprise de logement, et la moindre subtilité peut affecter la légalité de la manœuvre.
Avant de se mettre les pieds dans les plats en tentant de reprendre un logement, obtenir les conseils d’un avocat compétent est généralement une excellente initiative.
Quelles sont les conséquences d’une reprise illégale de logement au Québec?
Le mécanisme de reprise du logement est une exception au maintien du locataire dans les lieux. Cette exception doit donc être exercée de bonne foi et pour les raisons prévues par la loi.
Alors, quelles sont les conséquences d’une reprise de logement illégale ou de mauvaise foi?
Un propriétaire de logement qui effectue une reprise illégale s’expose à une poursuite en dommages-intérêts de la part du locataire lésé. Ce dernier dispose de 3 ans à partir de la connaissance de son droit pour intenter cette poursuite.
Pour réclamer de tels dommages-intérêts, il sera nécessaire de s’adresser au Tribunal administratif du logement!
Consultez un avocat en droit du logement avec l’aide de JuriGo!
Vous êtes propriétaire d’immeuble et vous souhaitez reprendre votre logement?
Au contraire, vous êtes un locataire visé par un avis de reprise que vous jugez illégal ou de mauvaise foi?
Dans un cas comme dans l’autre, JuriGo est en mesure de vous aider en vous référant à des avocats compétents en droit du logement dans votre secteur.
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